mardi 2 février 2016

Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde

Le portrait de Dorian Gray

Edition : flammarion ( 2006)
320 pages
1ère édition : Le livre de poche (1966)

RésuméAinsi tu crois qu'il y a seulement Dieu qui voit les âmes, Basil ? Ecarte le rideau et tu verras la mienne. Il avait, prononcé ces mots d'une voix dure et cruelle. - Tu es fou, Dorian, ou tu joues, murmura Hallward en fronçant les sourcils. - Tu ne veux pas ? Alors, je vais le faire moi-même, dit le jeune homme qui arracha le rideau de sa tringle et le jeta par terre. Une exclamation d'horreur s'échappa des lèvres du peintre lorsqu'il vit dans la faible lumière le visage hideux qui lui souriait sur la toile. Il y avait quelque chose dans son expression qui le remplit de dégoût et de répugnance. Grands dieux ! C'était le visage de Dorian Gray qu'il regardait ! L'horreur, quelle qu'elle fût, n'avait pas encore entièrement ravagé sa stupéfiante beauté. Il restait encore des reflets d'or dans la chevelure qui s'éclaircissait et un peu de rouge sur la bouche sensuelle. Les yeux bouffis avaient gardé quelque chose de la beauté de leur bleu. Le contour des narines et le modelé du cou n'avaient pas encore perdu complètement la noblesse de leurs courbes. C'était bien Dorian. Mais qui avait peint ce tableau ? Il lui semblait reconnaître son coup de pinceau. Quant au cadre, il était de lui. C'était une idée monstrueuse et pourtant il eut peur. Il prit la chandelle allumée et la tint devant le portrait, Son nom figurait dans le coin gauche, tracé en longues lettres d'un vermillon brillant.

Chronique


Ils sont rares les classiques qui parviennent à me passionner, mais le portrait de Dorian Gray fait tout à fait exception. Il est riche, dense, mais étrangement accessible. Le ton impertinent, cynique, rend la lecture plus légère et il y a une lascivité, sensualité, prégnante dès les premières phrases. Ce roman est empreint de réflexion sur la vie, sur l'art, la beauté… le personnage d'Henri est absolument fascinant.
Ce roman démarre avec une sorte d'avertissement : la supplique de Basil à Lord Henri de ne pas pervertir Dorian, ainsi que les paroles mêmes de Lord Henri à Dorian : "Les bonnes influences n'existent pas, monsieur. Toute influence est immorale."
Ce roman tourne autour de cette notion d'influence (d'Henri envers Dorian mais aussi d'un livre puis de Dorian lui-même), mais aussi bien sûr sur l'amour (qui finalement lie Basil, Dorian et Henri). Et finalement, sur la beauté, la moralité… Dorian est scindé en deux, et tel Narcisse, il se fascine lui-même, mais dans l'altération même de son âme, dans la déchéance visible qu'il peut se complaire à observer mais qu'il cache au monde entier.
Je dirais aussi que c'est surtout un roman du paradoxe : une peinture qu'on ne doit pas regarder, un hédonisme qu'il semble à la fois promouvoir et condamner…
Au final, nous "sommes ce que nous sommes", ce que Dorian n'accepte pas vu qu'il se protège d'une partie de lui en l'enfermant dans une pièce sombre inaccessible.
Il y a des tonnes de symboliques, de réflexions, et si n'ai probablement pas été sensible à tous, je pense qu'avant tout, c'est un roman qui se savoure, car comme le dit Oscar Wilde : 'il n'existe pas de livres moraux ou immoraux, juste des livres bien ou mal écrits". Et celui-ci est sans aucun doute extrêmement bien écrit.


1 commentaire:

  1. Ce livre est un bijou ! Je viens de le finir et j'ai été frappée dès le début par la beauté des mots, la poésie d'Oscar Wilde. Magnifique...

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