Zone cinglée
Editions : Sarbacane (2009)
190 pages
Résumé : Dans la " zone cinglée " de la Cité, les Mères règnent en maîtres. Lasses de pleurer leurs fils consumés par les lumières de la Ville-Centre, elles se jettent à corps perdu dans une étrange Cause : créer une armée d'enfants pour empêcher le souvenir des morts de hanter les vivants. Taârouk, 26 ans, balaye les folies qui l'entourent - celle des Mères folles de la Cité -, celle de sa propre mère défunte, celle de son frère " mangeur d'haltères " dont le seul rêve est d'être un poster. Une nuit, il brave le tabou suprême en pénétrant dans la cave : un lieu libre, à la frontière de la Cité et de la Ville-Centre, où les deux mondes entre parfois en collision...
Chronique
Zone cinglée m’a été recommandé par plusieurs personnes de mon entourage. Ecrit par Kaoutar Harchi, une jeune écrivaine originaire de Strabourg ayant fait un doctorat de sociologie, ma curiosité a été piquée à vif. D’autant plus que le livre est court, et rapidement dévoré.
Kaoutar Harchi a créé un univers naviguant entre les limites du fantastique et de la réalité brutale. Le fantastique introduit dans l’histoire se rapproche d’une métaphore de cette réalité. Le fantastique révèle la réalité, permet de l’exprimer.
Ceux qui m’ont recommandé le livre m’ont dit que, même si l’auteure ne l’évoque jamais clairement, l’Elsau est tout à fait reconnaissable dans les descriptions. Je ne saurais le confirmer, mais je pense que Kaoutar Harchi a réussi à saisir quelque chose de la cité, et à l’imprégner dans son texte. Il ne s’agit pas forcément du sujet qui va me toucher le plus, à un niveau personnel, mais c’est incontestablement un sujet qui mérite d’être évoqué et qui n’est que trop peu présent dans la littérature. L’auteure répare ce tort avec brio, et avec grâce, surtout. Avec sensibilité et brutalité, tout à la fois.
Ce livre est un voyage dans un monde inconnu, qui touche à l’hallucination. Aux songes. À la poésie, incontestablement. C’est noir et c’est lumineux.
L’écriture de Kaoutar Harchi est unique. On me l’avait vantée. Je ne peux que confirmer : à 23 ans seulement, elle écrit comme personne. Elle possède son univers, ses mots, sa façon de les agencer. Un style inimitable, car il possède la brutalité, la sécheresse, le tranchant, mais aussi un rythme et des images absolument envoûtants. Et terriblement beaux. C’est de la poésie en prose.
C’est un livre à découvrir, pour l’écriture principalement et pour cet univers original. Aucun autre livre ne ressemble à celui-là, et c’est déjà quelque chose de très fort.