Smog of Germania
Edition : Chat noir (2015)
343 pages
Résumé : Germania, début des années 1900, capitale du Reich.
À sa tête, le Kaiser Wilhem, qui se préoccupe davantage de transformer sa cité en quelque chose de grandiose plutôt que de se pencher sur la guerre grondant le long de la frontière française - et pour cause : on dit qu'il n'a plus tous ses esprits. Un smog noir a envahi les rues suite à une industrialisation massive, au sein duquel les assassins sont à l'oeuvre.
Une poursuite infernale s'engage dans les rues et les cieux de Germania le jour où la fille du Kaiser échappe de peu à une tentative de meurtre. Objectif : retrouver les commanditaires. La chose serait bien plus aisée s'il ne s'agissait pas en réalité d'un gigantesque complot, qui se développe dans l'ombre depuis trop longtemps.
Chronique
Un vrai coup de cœur ! Je connais assez peu l’univers steampunk, bien qu’il m’ait toujours intriguée. Du genre, je n’avais lu jusqu’à présent que Le protectorat de l’ombrelle de Gail Carriger, A victorian Fantasy de Georgia Caldera et New Victoria de Lia Habel. Si j’ai apprécié ces livres, aucun ne m’a transportée comme Smog of Germania l’a fait. Son secret ? Un univers plus sombre et très crédible.
J’ai écrit un roman, il y a quelques années. Je l’avais imaginé d’une certaine manière et, bien entendu, le résultat n’y correspondait pas parfaitement. En lisant Smog of Germania, j’ai eu l’impression d’enfin trouver ce que j’avais cherché à écrire. Pas que l’intrigue soit la même, loin de là, mais dans l’ambiance et dans les personnages, mon idéal d’écrivain se trouvait entre mes mains. J’aurais pu en être jalouse, mais je suis principalement heureuse d’avoir vécu un moment de lecture intense, de m’être plongée dans un roman jouant sur mes exactes cordes sensibles. Et peut-être un peu jalouse tout de même.
Après ce (très) long préambule, je vais enfin aborder le sujet même de ce billet : Smog of Germania. Quelles sont les multiples raisons qui doivent vous amener absolument à le lire ?
La première (et pas des moindres) est bien évidemment l’ambiance. Ce smog opaque qui a envahi la ville pèse sur Germania dans une atmosphère oppressante. Il dissimule sous sa couverture charbonneuse les meurtriers et les vices, prête son voile aux complots et aux trahisons. Et dans sa traversée inquiétante, Viktoria, fille du Kaiser, va rencontrer les bas-fonds de la ville, la lie et la fange qu’elle ne pouvait même imaginer. Et ce malgré ses escapades nocturnes lui octroyant un sentiment de liberté illusoire et des frissons en toute sécurité.
Les personnages sont gris comme je les aime. Avec des nuances tirant vers le noir (avec l’avantage de s’accorder au smog omniprésent). Viktoria peut se montrer capricieuse et agaçante, mais on repère vite qu’il ne s’agit que d’un stratagème pour se protéger. Fragilité et courage se côtoient allègrement. Plus intéressants encore sont Maxwell et Jeremiah, parfois froids et calculateurs, et d’autres enflammés et exaltés. Maxwell surtout apparaît presque bipolaire tant son comportement peut varier brutalement. Leur relation est très bien développée et donne corps au récit.
Le monde est très bien construit, que ce soit au niveau de la politique, de l’essors des machines, de certaines particularités qui lui sont propres… et le style très visuel de Marianne Stern sert à merveille les descriptions, permettant de s’imaginer, de se plonger même, dans cet univers. La fin conclue parfaitement l’intrigue, grise à l’image du livre. Mais je préfère ne rien dévoiler. J’ai donc adoré du début à la fin.
Pour tous ceux qui aiment le steampunk ou qui voudraient découvrir ce genre, Smog of Germania est un livre à ne pas manquer. Et cerise sur le gâteau, sa couverture est magnifique.