Heca-Tomb
Editions : Zone 52 (2017)
111 pages
Résumé : Une mystérieuse boutique apparaît à Quarantine, petite ville enclavée entre Salem et Blend, dans l'Oregon. Intéressé par ce que propose l'énigmatique vendeur, Billy, jeune outcast du coin et premier client de l'échoppe Heca-Tomb, ne se doute pas encore que le disque qui lui a été offert en guise bienvenue amorcera un déferlement de crimes sauvages qui troublera la quiétude de sa petite ville.
Dans un récit à prendre comme une sorte d'hommage à Bazaar de Stephen King, revu et corrigé dans une version porno gore hallucinante, l'auteur décrit des violences extrêmes dans un style brutal et sans concession. Plus qu'une ode à la boucherie et à la violence graphique sans limite, Heca-Tomb se pose comme un chef d'oeuvre de la littérature populaire déviante, que certains esprits fragiles n'hésiteront pas à qualifier d'ignominie littéraire sans nom…
Chronique
Zaroff en est à son troisième roman gore commis depuis 2013. Trois romans cradingues : bien dégueus comme il faut et empreints d’une folie urgente, d’une ambiance bien particulière. Chaque roman est différent, mais pourtant, tous suivent une certaine ligne directrice. En effet, chaque roman explore une décennie (années 80 pour Night Stalker, années 70 pour Bayou, années 90 pour Heca-Tomb), avec ses codes culturels, et un coin d’Amérique, souvent reculé, enfermé sur lui-même, avec un arrière-fond bien malsain, un peu incestueux, presque claustrophobique. Bien sûr, ce dernier point ramène plutôt à Bayou et Heca-Tomb. Bayou avait quelque chose de poisseux, avec sa faribole de personnages dégénérés, qui m’a rappelé Blood-Sex de Nécrorian. J’ai une petite préférence pour Night Stalker qui possède un rythme différent : ça envoie, c’est rock. Heca-Tomb, tout en se différenciant de ses petits frères, est un mélange réussi de ces deux premiers romans : on y retrouve le côté dégénéré de petite ville reculée mais aussi le rythme plus rock, entraînant. Avec ce troisième roman, Zaroff plonge un peu plus dans l’aspect fantastique du gore, également.
Mais pour parler du bouquin en lui-même (la superbe préface de David Didelot évoque la carrière de Zaroff et ses influences bien mieux que je ne pourrais le faire), il faut commencer par le commencement : le visuel et le projet derrière. Et je dois dire que le pack CD/livre/poster/sticker a vraiment de la gueule ! L’illustration donne le ton, et de très belle manière ! J’ai aimé aussi retrouver ce visuel sur le CD, très bien conçu. Et pour couronner le tout, la préface et la postface permettent de dresser un joli portrait de l’auteur et de comprendre comment s’est construit ce projet atypique.
Quant à l’intrigue, elle est simple, basique même pourrait-on dire, mais on s’en fout. Le lien avec le CD est très bien fait et les descriptions gores sont très visuelles et imaginatives : on ne nous ment pas sur la marchandise ! Le style de Zaroff sert très bien ce type de littérature : implacable, efficace, avec un rythme rapide. Sans oublier qu’il est très inspiré ! Ca se lit bien, les massacres s’enchaînent. Heca-Tomb est incontestablement à lire pour ceux qui aiment le gore décomplexé, au moins pour l’inventivité dont l’auteur fait preuve dans les scènes de violence, qui parviennent à aller toujours plus loin.