De chair et d'encre
Editions : Rivière Blanche
264 pages
Résumé : Abordant au gré de ses envies – et des besoins de ses histoires – tous les rivages de l’imaginaire, Dola Rosselet ne s’interdit rien : « ce sont les personnages qui décident », dit-elle. Ses thèmes de prédilection se sont dégagés en creux, nouvelle après nouvelle, jusqu’à constituer cet ensemble puisant aux sources des grandes tendances de l’imaginaire. De chair et d’encre est donc un recueil placé sous le sceau de la diversité et de l’harmonie.
Des âmes en peine, d’étranges survivances, des absences si présentes, des ombres qui refusent de s’estomper quand vient le crépuscule, des parfums entêtants aux propriétés impossibles, des jeux de la séduction à la fois cruels et sensuels… Dola Rosselet, c’est une voix vibrante qui s’élève pour demander ce qu’il reste après. Après l’amour, après la mort, après l’exil, après la guerre, après la pluie, après… demain.
Chronique
J’ai lu ce livre il y a quelques mois déjà, ce n’est donc plus tout à fait frais dans ma mémoire. Néanmoins, si les détails sont un peu flous, certaines impressions perdurent. Et c’est bien là que réside la force de « De chair et d’Encre » : sa capacité à toucher quelque chose en nous, à y imprimer sa marque, à laisser des traces. De l’Encre gravée dans la chair.
Si toutes les nouvelles qui composent ce recueil sont différentes, parfois radicalement, explorant de nombreux genres, allant de la SF au fantastique, un dénominateur commun s’en détache : une certaine mélancolie se dégage de l’écriture ciselée, une poésie de ces mots qui percutent, qui capturent l’émotion et la retranscrivent. Il y a une forme de délicatesse et de raffinement transpirant de l’ensemble des nouvelles rarement rencontré dans mes lectures. Une beauté qui transparaît dans la cruauté, la douleur, la tristesse.
Un autre élément important à évoquer est la constance dans la qualité des nouvelles. Beaucoup de recueils peuvent être variables à ce niveau, le très bon côtoyant le beaucoup moins bon… Dola Rosselet nous a épargné cette dernière catégorie, nous offrant uniquement d’excellents moments de lecture. Ce qui ne m’a pas empêchée d’avoir mes nouvelles favorites. Je vais vous présenter ces dernières. Ce classement s’est modifié avec le temps, certaines nouvelles m’ayant peut-être moins emballée sur l’instant, mais leur impression ayant subsisté quelque part en moi, me marquant d’une manière imprévue. C’est le cas notamment de la première nouvelle, A la vie, à la mort, qui évoque des thématiques comme le deuil, le souvenir, les liens familiaux. Je l’avais trouvée belle, mais un peu classique. Et pourtant, après presque sept mois, j’en conserve une forte impression. Une mélancolie prégnante qui reste collée à la peau. Ce n’est pas ma préférée du recueil, mais il s’agit assurément d’une des plus marquantes. Une puissante entrée en matière.
Comme un parfum de deuil m’a laissée une impression semblable. Il s'agit d’un récit plein de sensibilité, qui aborde une thématique douloureuse avec justesse. Un texte qui transpire le désespoir.
La suivante, Autopsie d’une rencontre, est incontestablement l’une de mes préférées. Une nouvelle que j’ai adorée, autant au moment de sa lecture que maintenant, avec un certain recul. C’est dans ce récit que transparaît le plus cette beauté étrange, troublante, dans la cruauté et l’horreur, dessinée par les phrases mélodieuses et impactantes et par un rythme implacable, fascinant.
Machination, dans un genre totalement différent, nous plonge dans un survival désespéré et glaçant. Un rythme effréné et des histoires qui s’entremêlent, pour former un tableau aux couleurs bien sombres.
Trois étoiles est un texte court, percutant, poignant, qui frappe fort et juste. Un petit bijou.
Frères d’a(r)mes conclue le recueil parfaitement, avec un récit d’une grande force, d’une justesse bouleversante. Je l’avais lu il y a plusieurs années déjà et je ne me rappelais pas l’uppercut qu’il provoquait. Porté par des personnages réalistes, humains, il offre un segment d’Histoire sous forme de tranches de vie brutales et tragiques.
Au final, un recueil qui offre une diversité de textes prenants, touchants, portés par un style délicat, jouant sur les sens, tout particulièrement le goût et l’odorat, et laissant une trace derrière eux. Une marque.