Heptagon
Editions : Rebelle (2018)
350 pages
Résumé : La monstruosité peut prendre n’importe quel visage, même celui de ces jeunes collégiens, qui en allant là où ils n’auraient jamais dû aller, vont se retrouver à commettre les actes les plus horribles…
L’adolescence, période étrange où le corps se transforme, où l’esprit se façonne, où l’on se sent exclu de la société et où l’on se cherche.
Certains, dépassés par ce qui leur arrive, décident d’y mettre un terme, d’autres préfèrent aller tirer quelques cartouches dans un collège. Antony, David et Tom, eux, ont choisi de se réunir, de former un groupe, un club, un clan… pour partager leurs idées.
Ils ont quatorze ans, leur remise en question leur fait voir la vie autrement. Sans s’en rendre compte, ils vont s’enliser mutuellement du mauvais côté, un peu plus chaque jour, sans relâche, dans une spirale infernale où l’issue est incertaine.
Jusqu’où sont-ils prêts à aller pour leur nouvelle idéologie ?
Chronique
Les écrivains d’horreur sont bien trop rares en France. J’avais donc été ravie d’en apercevoir à un stand du festival de Gérardmer et j’avais conservé son nom dans un petit coin de ma tête. J’étais donc ravie de découvrir l’auteur en question : Davy Artero, qui présente déjà un beau palmarès à son actif : plusieurs romans d’horreur parus à Rebelle Editions et aux Editions des Tourments. Ce qui rend ma critique d’autant plus difficile à écrire, car j’aurais vraiment voulu apprécier ce livre. Malheureusement, cela n’a pas été le cas.
Pour comprendre un peu les raisons de cette déception, j’aimerais digresser quelques lignes à propos de ce que j’apprécie dans l’horreur. C’est une question que l’on me pose souvent, et peut-être est-ce également votre cas, si vous appréciez vous aussi ce genre ; pourquoi lis-tu de l’horreur ? Dans mon cas, cela rejoint directement la question « pourquoi lis-tu ? ». Pour être concise, ce que j’aime dans un livre, c'est éprouver des émotions. J’aime sangloter à ne plus pouvoir en distinguer les mots, j’aime être énervée à vouloir jeter le livre contre le mur, j’aime être angoissée à ne plus pouvoir en dormir la nuit. C'est bien évidemment cette dernière émotion que j’attends dans un livre d’horreur. C'est rare que je sois réellement terrifiée, mais plus qu’avec aucun autre genre, le livre d’horreur me permet de vraiment avoir peur pour les personnages, car dans un livre d’horreur, tout est permis. Les héros peuvent mourir. Ça, c'est une leçon durement apprise avec le très regretté Jack Ketchum.
De ce point de vue, « Heptagon » ne loupe pas sa cible, car les personnages ne sont pas épargnés. Ça, c’est quelque chose que j’apprécie particulièrement dans mes lectures et j’ai donc été ravie par l’audace de Davy Artero. Il ne craint pas d’en « mettre plein la gueule » de ses personnages et il n’a pas peur de faire couler le sang. Voire les tripes. Et moi, j’aime bien ça, quand un auteur met ses tripes sur la table. La dernière partie du roman en regorge, et c'est bien sûr celle-ci que j’ai préférée.
Alors, pourquoi n’ai-je pas plus apprécié ma lecture que cela, me demanderez-vous peut-être ? Il y a différents points que je vais détailler ici.
Une chose que je trouve particulièrement importante dans l’horreur, c'est le développement des personnages. Savoir qu’ils peuvent souffrir et mourir ne suffit pas à ce que je m'intéresse à leur sort : il faut qu’ils aient également de la substance. J’attends des personnages gris, nuancés. Dire que les personnages d’Heptagon sont manichéens serait injuste de ma part, car il y a effectivement une évolution assez sombre d’adolescents au départ respectables. Dévoiler le texte masqué Ce qui fait perdre de sa nuance à l’intrigue, qui reprend un chemin très classique. Ce qui rejoint un autre point qui m’a déçue dans « Heptagon » : l’auteur parvient à nous livrer quelques fulgurances appréciables, mais la structure du récit demeure très classique et ne parvient finalement pas à surprendre. J’aurais préféré une plus grande ambiguïté entre le fantastique et le réel, ce qui aurait permis de laisser le doute sur ce qui guidait les actions des adolescents.
Un dernier point que j’aimerais soulever, c'est la première partie. Beaucoup d’informations biographiques sont apportées d’un seul coup, ce qui ne permet pas d’instaurer un rythme. D’autant plus que l’auteur nous en apprend beaucoup sur les goûts des adolescents, mais pas assez sur leur fonctionnement psychologique. Tous ces détails ont eu tendance à me noyer et les premiers chapitres ne m’ont ainsi pas captivés. On comprend bien l’intention de l’auteur de se rattacher au maximum au réel, au quotidien, et à décrire des adolescents banals afin de contraster avec l’horreur de la suite, mais il y a un problème d’équilibre dans cet exercice périlleux, à mon sens.
Au contraire, une fois le club lancé, j’ai trouvé l’évolution des personnages un peu rapide et j’aurais aimé que l’auteur prenne plus son temps pour nous décrire le cheminement psychologique et intellectuel qui se fait pour eux.
En résumé, Heptagon est un roman d’horreur qui n’hésite pas à mettre en danger ses personnages et qui ne craint pas de faire gicler le sang, mais qui propose une intrigue trop classique à mon goût et trop manichéenne.
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