Dimension TRASH
Chronique
Edition : Rivière Blanche (2015)
284 pages
Résumé : Fut un temps où les films de Frank Henenlotter et Brian Yuzna sortaient au cinéma. Où les romans de la collection Gore s'écoulaient à plus de 100.000 exemplaires. Disons-le tout net : cette époque-là est révolue. Hélas. Mais si TRASH est ouvertement nostalgique, pas question de sombrer dans le passéisme. Nous ne sommes pas les enfants, mais les "bâtards" de Gore.
Si nos artisans bouchers se décarcassent, ce n'est pas pour vous servir du réchauffé. Nous sommes certes déférents, mais aspirons aussi à la différence. Car le genre horrifique n'est pas aussi étroit que les bien-pensants voudraient le faire croire, et si la Rivière devient rouge, c'est pour mieux vous présenter toutes les couleurs du TRASH.
Chronique
Si nos artisans bouchers se décarcassent, ce n'est pas pour vous servir du réchauffé. Nous sommes certes déférents, mais aspirons aussi à la différence. Car le genre horrifique n'est pas aussi étroit que les bien-pensants voudraient le faire croire, et si la Rivière devient rouge, c'est pour mieux vous présenter toutes les couleurs du TRASH.
Je ne peux certifier être purement objective, mais malgré ma participation à ce recueil (ce qui est loin d'être un calvaire, au contraire), je peux donner mon avis sur les textes de mes petits et grands camarades. Et je peux assurer que ceux-ci sont très bons et très différents les uns des autres : la recette idéale pour un recueil de qualité. L'éclectisme a toujours été une grande force de TRASH, et on la retrouve dans ce présent recueil. Certaines nouvelles sont de vrais petits bijoux, comme Kotok et Junkfood Rampage, que j'ai adorés ; d'autres m'ont moins emballée. Mais il y en a pour tous les goûts, et ceux qui aiment la littérature rouge trouveront forcément des encas propres à émoustiller leurs papilles dans ce joyeux mélange.
Christian Vilà : Splash !
Les histoires d'extraterrestres, ce n'est pas trop ma tasse de thé. Mais ici, ce n'est pas un problème, puisque la nouvelle ne s'arrête pas à ce postulat de base ! Descriptions crues, une bonne dose d'hémoglobine, de l'humour noir et une histoire plus complexe qu'il n'y paraît, forment une partie des ingrédients de cette nouvelle.
Adolf Marx : Épilogue du " Vivre ensemble "
J'ai enchaîné la lecture de cette nouvelle après celle de Lumpen, épilogue percutant de ce roman éprouvant. Même s'il est possible de saisir la violence, le cynisme du texte, je pense qu'avoir lu le livre de Janus auparavant est peut-être plus pertinent.
Francois Darnaudet : Femmes, plantes et autres machines cruelles
Condensé de textes courts, à tendance pornographique, qui m'ont surprise. Il y a une créativité dans ces textes, un vrai pouvoir imaginatif, auquel je ne me serais pas attendue. Le monde créé, étrange, un peu absurde, a quelque chose de très visuel, et transportant.
Brice Tarvel : Kotok
Ma nouvelle préférée dans ce recueil. C'est drôle, sordide, fort, et porté par un style irréprochable. J'ai passé un excellent moment. Voilà qui m'a donnée envie de découvrir Charogne Tango !
Cancereugène : Descente d'organes
Un récit un peu étrange, un peu hermétique, mais stylistiquement intéressant.
Julian C. Hellbroke : Junkfood rampage
Un récit post-apocalyptique savoureux. Rythme, ambiance, personnages déglingués… qu'est-ce qu'il manque ? Ah oui, des rats ! Beaucoup de rats ! Une nouvelle que j'ai adorée.
Romain D'Huissier : La veuve écarlate
Une ambiance soignée, sur fond oriental : dépaysant et agréable à lire.
Zaroff : Zomb's short
Des textes courts et percutants, comme sait bien les faire Zaroff. Variations intéressantes sur le thème du zombie, chaque nouvelle apporte un nouveau éclairage et on ne s'ennuie pas !
Sarah Buschmann : Tranche de nuit
Je ne vais pas m'appesantir sur cette nouvelle, étant l'auteure, mais plutôt faire un bref résumé : Alex, prostituée toxicomane, tombe sur un client malveillant. Elle va tout faire pour tenter de s'en sortir.
Gilles Bergal : Nouvelle vie
Une autre histoire sur les zombies, mais avec une nouvelle perspective. C'est une nouvelle agréable.
Robert Darvel : Killing Joe D'Amato
Fan fiction autour de 50 nuances de Grey, l'intrigue tourne autour du snuff, dans une ambiance relativement porno.
Patrice Lamare : Allegro ma non troppo
Représentation sanglante, devant une foule de monstres, où la violence devient chef d'oeuvre. L'ambiance est là mais il m'a manqué une intrigue.
Artikel Unbekannt vs Schweinhund : White trash
Huit textes courts qui permettent une immersion dans l'univers particulier de cet auteur. L'ambiance y est soignée, la prose est réfléchie, élaborée, et chaque texte est un morceau de quelque chose de singulier, de différent. Je n'ai pas tout saisi, mais j'ai été transportée. Même si mon affection revient toujours à l'excellent « Profondo Nero ».
Catherine Robert : Je suis méchante
Une nouvelle dérangeante, mais qui sait choper le lecteur (aux tripes sûrement, autre part peut-être aussi) pour ne plus le lâcher. J'ai vraiment beaucoup aimé. Même après… quasiment trois mois (j'ai vraiment tardé à écrire cette chronique), j'ai encore tout à fait l'image de cette petite fille, à la fois glaçante et touchante. J'ai certainement ressenti une certaine exultation devant ses forfaits, terribles mais pas injustifiés.
Guy Kermen : Gloriole au glory hole
Une nouvelle efficace et assez dérangeante, qui met indubitablement mal à l'aise.
Corvis : Une heure à tuer
Histoire classique mais efficace. Très vite, la compassion pour les horreurs que subit le personnage s'efface, pour laisser place à une certaine jubilation. J'ai bien aimé le déroulement, certes prévisible, mais implacable. Et j'ai toujours apprécié les vengeances sanglantes.
Kriss Vilà : Éventration d'une grenouille
Un autre récit assez fort, qui joue sur le plan social. C'est cynique et c'est noir. Ca fait mal, et c'est ça qui est bien.
Charles Nécrorian : Les immortels
Dans l'univers de la science-fiction, le récit de ce grand nom du gore se démarque quelque peu des autres textes, ce qui renforce la diversité de ce recueil.
Nelly Chadour : Sacré gril
Un récit extrêmement efficace et dépaysant. Très visuel, il nous fait voyager dans l'Antiquité, pour y suivre des personnages dégénérés. La chute est excellente, et conclut superbement un récit du même acabit.
Christophe Siébert : La vieille
Description froide et crue de la lente décomposition d'un corps, rappelant notre condition mortelle, et animale. C'est un peu effrayant. Et déprimant aussi.
Postface de Sandy Foulon
Condensé de chroniques intéressantes des douze premiers TRASH.
Je n'ai pas lu beaucoup de recueils de nouvelles pour l'instant. Néanmoins, de ma courte expérience, je peux dire que celui-ci est particulièrement bien équilibré, proposant un ensemble de nouvelles diversifiées et de qualité. Je suis vraiment fière d'en faire partie, plus encore maintenant que j'ai pu découvrir le niveau des textes qui le composent. Pour ceux qui suivent TRASH, pour ceux qui apprécient la littérature sanglante ou ceux qui veulent la découvrir, ce recueil en présente un échantillon, écoeurant parfois, affreux souvent, mais aussi tout à fait savoureux.
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