mardi 5 juillet 2016

Pestilence de Degüellus

Pestilence

Editions : TRASH (2013)
150 pages

Résumé : L'ignoble Moyen-Âge... Un village dans les marais, une épidémie... Hommes, femmes et enfants couverts de bubons, qui meurent dans d'atroces souffrances, lorsqu'ils ne sont pas brûlés vifs. Et ce médecin de la pestilence aux prises avec un complot répugnant...

ExtraitLes corps étaient dans le grand lit. Barbet, pourtant habitué aux cadavres, s'accrocha au chambranle, écoeuré. Le père de famille, visage tourné vers le médecin, semblait le dévisager. L'oeil gauche disparaissait sous une énorme cloque putride dont s'échappait une énorme coulée brunâtre. Le nez était tombé, laissant un orifice à vif, au pourtour rosacé recouvert d'un mucus glauque contournant les lèvres constellées de bubons, figées en un rictus de douleur.


Chronique


Le Moyen Âge est une époque qui se prête extrêmement bien aux excès les plus purulents et atrocités les plus extrêmes, Pestilence le confirme.

Quand je pense à cette époque, j’imagine des rues sales, nauséabondes, où les déjections sont jetées par les fenêtres, où la maladie se répand dans un air épais, putride, où les chicots sont noirs, quand ils sont présents. Un Moyen Âge peu représenté dans la littérature, et qui exhale toute sa puanteur méphitique dans ce roman. Pestilence a été comparé à plusieurs reprises à du Brussolo, et c’est vrai qu’il m’a un peu rappelé « Le château des poisons », pour cette ambiance en huit-clos, même si Degüellus va plus loin dans l’horreur.

Le début est vraiment excellent, avec l’arrivée dans ce village perdu au milieu des marécages, atteint par la peste, qui combat la maladie par des extrémités liées aux peurs et croyances de l’époque. Les descriptions de la maladie sont très efficaces, et j’ai particulièrement apprécié le vocabulaire utilisé, qui permet une bonne immersion dans l’histoire.
L’intrigue tient en haleine jusqu’au bout, et le personnage de Tancrède est intéressant, obnubilé par sa quête morbide, humain dans tous les sens du terme. Moderne dans sa façon de penser, il est exclu par ses collègues pour cette raison. Il étudie la maladie, aide les malades sans que cela ne soit réellement son but premier, mais fait tout de même preuve d’humanité, et affronte l’église pour cela. Les autres personnages présentent un peu moins de nuances. J’aurais aimé voir l’inquisiteur un peu plus longtemps.

Certains passages sont presque cartoonesques, dans un excès qui en devient quasi amusant. J’ai une préférence pour l’approche plus « réaliste », noire de TRASH. Une approche plus premier degré, qui ne permet aucun recul, aucune distance. Là, l’aspect un peu burlesque rend l’horreur plus supportable. L’avantage est de pouvoir se concentrer plus facilement sur l’intrigue, sans se laisser submerger par les atrocités, et de pouvoir dévorer le livre sans interruption.

Donc un bon bouquin, à ne pas manquer pour les aficionados du gore.


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