Yannis
Edition : Nathan (2015)
401 pages
Résumé : Yannis vit à Marseille. Ses parents et sa petite sœur sont morts. Maintenant, il voit leurs fantômes un peu partout - peut-être qu'il devient fou? Quand il sort de chez lui, terrifié, son chien Happy à ses côtés, il découvre une ville prise d'assaut par les rats et les goélands, et par des jeunes prêts à tuer tous ceux qui ne font pas partie de leur bande. Yannis se cache, réussit à échapper aux patrouilles, à manger...
Mais à peine a-t-il retrouvé son meilleur ami que ce dernier se fait tuer sous ses yeux. Il décide alors de fuir Marseille et de s'accrocher à son dernier espoir: un rendez-vous fixé à Paris...
Chronique (attention spoilers)
Je sors de la lecture de Yannis plus mitigée qu'après celle de Stéphane. J'avais des attentes précises concernant ce roman, et elles n'ont pas toutes été comblées. En effet, dans Stéphane, je n'avais pas vraiment accroché avec le personnage de Yannis, qui m'avait semblé trop « serein », trop lisse. Et sur ce point-là, la lecture du tome lui étant consacré m'a surprise, mais ne m'a pas aidée à mieux cerner le personnage. Mon autre attente concernait principalement les « trous » que ce tome pouvait combler par rapport à celui de Stéphane. Par là, je veux non seulement parler des séquences où Stéphane et Yannis sont séparés, mais aussi des pensées de Yannis, sa façon d'appréhender et comprendre les événements vécus ensembles. Et là, je me suis souvent dit que la lecture de Stéphane avait amplement suffit à saisir ces passages. Beaucoup de ce qu'on nous raconte est sous-entendu dans Stéphane (et heureusement : il ne faut pas que ça sorte de nulle part!) mais il m'a manqué parfois un peu de détails.
Pour en revenir au personnage, j'ai eu du mal tout au long du livre à le cerner, et à m'attacher à lui. Il y a pourtant des aspects intéressants. Tout d'abord, sa « double personnalité » Yannis-Adrial est une bonne idée. Mais je trouve qu'on la laisse rapidement de côté, à partir du moment où il commence à en avoir peur (et donc au moment où ça commençait à devenir intéressant). Son rapport à la violence n'est pas vraiment clair non plus, pas toujours cohérent, et m'a franchement agacée. En effet, sa propre violence l'effraie, mais celle des autres le dégoûte carrément, même dans les situations où elle est nécessaire. Je l'ai trouvé souvent dans le jugement, par rapport à Stéphane, qui elle-même se bat face à sa propre violence, alors qu'il aurait pu au contraire la comprendre, puisque lui aussi au début a ressenti son appel. Mais par la suite, Adrial, la violence, disparaissent complètement de son être, selon son point de vue, et il devient très « bien pensant ». Mais en même temps, il a souvent des accès de colère face à Stéphane, mais qu'il cache (ce qui n'est pas vraiment plus sain). Il a des réactions parfois peu cohérentes ; par exemple lorsque Elissa est tenue en joue par Marco, il se plaint (dans sa tête, hein) que Stéphane ne fasse rien, puis lorsqu'elle frappe Marco, il juge sa violence (elle aurait pu ne pas frapper à la tête quand même). Difficile de savoir ce qu'il veut. Il est souvent agacé par Stéphane, qui est, c'est vrai, dure et cynique, mais sans réellement chercher à comprendre sa façon d'agir (ce qui m'a assez déçue de lui, je dois dire). Et j'ai trouvé ses réactions plutôt immatures. Il est très impulsif, et beaucoup plus irréfléchi que ce qui transparaissait à travers le regard de Stéphane.
Autre point qui m'a un peu déçue : les fantômes. Je m'attendais à ce qu'ils aient plus d'importance, à des questionnements, des ressentis plus profonds de la part de Yannis (de la peur, peut-être, l'impression de devenir fou, de la douleur, de l'apaisement : ils sont évoqués, mais prennent peu de place dans l'histoire et l'évolution du personnage). Finalement, ils servent presque d'éléments décoratifs, parfois, et on a pas réellement plus d'information que ce qui est déjà décrit dans Stéphane.
Certains personnages sont moins développés dans ce tome (Marco, qui n'est vraiment pas présenté sous son meilleur jour), mais d'autres beaucoup plus : François, auquel j'ai pu cette fois m'attacher alors qu'il m'avait semblé très transparent dans Stéphane, Koridwen aussi (qui décidément ne m'inspire pas).
Pour l'histoire, elle est très semblable à celle de Stéphane (évidemment), donc ça diminue le suspense. Mais il y a tout de même de nouveaux éléments. La situation à Marseille, le voyage de Yannis à travers la France sont parmi les points les plus intéressants du livre. Néanmoins, il m'a manqué encore une fois… de l'émotion et surtout, que ce que Yannis a vécu dans ces moments-là, qui est particulièrement horrible, ait plus d'impact sur lui et la suite de son aventure. Il y a les fantômes, certes… mais la mort de son meilleur ami, dont il est en partie responsable, est à peine évoquée par la suite. Seul la culpabilité de ne pas avoir enterré ses proches est réellement mis en avant. Pour les parties sans Stéphane, par la suite, j'ai aussi apprécié l'arrivée au R-Point de Lyon, où on fait connaissance avec François. Toute la partie au R-Point, finalement, retranscris assez différemment l'aventure. Le passage chez Elissa apporte aussi de nouveaux éléments et a eu un grand impact sur Yannis. J'ai aussi beaucoup aimé la tentative de sauvetage de François. La partie, forcément, où Yannis et Koridwen se rapprochent m'a moins… emballée.
Je me rends compte que j'ai été un peu dure dans ma critique, car finalement Yannis est un vrai complément à Stéphane, et apporte un autre point de vue intéressant. Au bout du compte, Yannis, tout comme Stéphane et les autres, n'est qu'un gamin qui tente de faire du mieux qu'il peut dans un monde qui s'écroule. La fin, à travers lui, est d'ailleurs très jolie. Le principal problème du livre est qu'il est passé après Stéphane, qui m'a vraiment touché ; que j'avais trouvé dur et beau, avec une héroïne à la fois forte et fragile. Yannis a ses propres défauts, ainsi que ses qualités. Le livre, comme le personnage.
Je remercie Babelio et les Editions Nathan de m'avoir permis de découvrir cette belle aventure qu'est U4. Un beau projet à côté duquel il aurait dommage de passer.
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