Dragon
Edition : Le Bélial (2016)
152 pages
Résumé : Bangkok. Demain.
Le régime politique vient de changer.
Le dérèglement climatique global a enfanté une mousson qui n’en finit plus.
Dans la mégapole thaïlandaise pour partie inondée, un assassin implacable s’attaque à la facette la plus sordide du tourisme sexuel. Pour le lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon, chargé de mettre fin aux agissements de ce qui semble bien être un tueur en série, la chasse à l’homme peut commencer. Mais celui que la presse appelle Dragon, en référence à la carte de visite qu’il laisse sur chacune de ses victimes, est-il seulement un homme ?
Chronique
Le résumé m’a tout de suite intriguée : une histoire entre le polar et le fantastique, avec une touche de science-fiction, plongeant dans les milieux sordides de la Thaïlande. Un mélange qui semblait bien prometteur. Et pourtant, même avec mes attentes élevées et son format court, ce livre va plus loin encore.
Tout d’abord, je sais que ça ne devrait pas jouer, mais je ne peux pas m’en empêcher : l’objet-livre est magnifique. J’étais émerveillée chaque fois que je l’avais en main. La collection promet un très bel esthétique, et ce n’est pas négligeable.
Au niveau du contenu, Dragon n’est pas un livre facile. Il est court, mais dense et brutal. Le style incisif, cru mais aussi parsemé d’images splendides, est très visuel. Je relisais certaines phrases pour le plaisir. Le mélange parfait dans un roman : le beau et le brutal.
Ce n’est pas un livre facile de par son sujet, évidemment, mais aussi dans sa configuration atypique, rappelant celle du Déchronologue : les chapitres sont présentés dans le désordre, ou plutôt dans un ordre non linéaire. J’ai apprécié ce jeu de piste à travers le temps, permettant d’instiller un rythme particulier au récit. Un peu hors du temps, justement. Comme l’histoire en elle-même, située dans un futur tellement proche qu’au final, elle résonne plus comme un conte atemporel. Un conte sur la cruauté de l’homme.
Je réfléchis, mais ne trouve rien de négatif à dire au sujet de Dragon. Des sujets graves, hideux sont abordés, les plus évidents étant la prostitution infantine, les ingérences de la mafia dans la politique du pays, l’impunité. Il y a aussi, en arrière fond mais toujours présent, le réchauffement climatique, avec cette pluie putride s’abattant continuellement sur la région. Autre horreur de l’homme. Il y a de nombreuses questions, politiques, morales, écologiques, traitées et il serait juste de se demander si un format aussi court le permet sans tomber dans la caricature. Thomas Day nous le prouve, car tous trouvent leur place dans ce récit, sans être survolés. De la même façon, en quelques lignes cet auteur parvient à brosser des personnages intéressants, fouillés et crédibles. C’est presque de la magie.
Un grand merci aux éditions Le Bélial et à babelio pour cette marquante découverte !
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